Et l'ombre du passé plane sur le futur qui fut

janv.
31

 Critique d’une  œuvre imaginaire

 

 Et l’ombre du passé plane sur le futur qui fut

  
            
                                                          

        

 

 

 

   Ni titre, ni image de couverture, ni résumé,  seule indication  :  les initiales de l'auteur sur la tranche. La nouvelle se veut une    parenthèse, un rêve dans la vie d'un malade qui voit sa santé mentale dégénérer.
       Le récit débute par un virulent pamphlet contre les étudiants en médecine, Charles dépeint avec haine le comportement des
   élites de son temps: " Une fête où le mot d'ordre serait de perdre sa dignité, les uns vomissent des chants immondes vantant la supério-
   rité de leurs écoles, d'autres, certainement les plus lamentables,  contraignent les plus jeunes à se couvrir de honte en se soumettant
   à des rituels initiatiques". Mais son choix est fait, Charles a choisi de vivre loin des autres, s'isolant des miasmes morbides qu'ils
   engendrent. La maladie guette le jeune insouciant condamné, elle le prend, le tord de douleur, le paralyse et projette son esprit dans
   des voyages allégoriques qui le mènent des météores de Thessalie à la conquête du royaume des deux Siciles par Garibaldi et sa  légen-
   daire armée des milles.
        Seule architecture apparente du livre, ces délires au nombre de IV, comparables à des chants de poésies en prose qui viennent
   rythmer la lente agonie d'un homme qui  a choisi de se laisser mourir en se regardant suffoquer.
        Seule échappatoire, ce livre acheté il y longtemps qu'il se met à lire et qui lui permet de s'évader pendant ses brefs instants de répits. 
   Charles y trouve la douce image d'un amour de jeunesse perdu, oublié : " la brume était montée jusqu’à nos pieds, du haut de la colline
   j'apercevais la cime des arbres qui se balançaient avec grâce au milieu de cette mer si paisible et pourtant si inquiétante. Je t’enlaçais
   une dernière fois toi mon premier et unique amour." Mais la mort est proche et ces souvenirs ne feront que la précipiter.
        Cette nouvelle sans titre apparaît aux yeux de la critique une première œuvre réussie, où l'auteur mêle à travers trois histoires qui
   s'entrelacent, haine, voyages énigmatiques et amours perdues.
 
   A lire absolument! trois étoiles *** 
       

        H.G., Nouvelle sans paroles, Paris , Flémarion, 2004
 


Jean-Baptiste Guericolas