Un jour, en interrogeant mes amies, j’ai été surprise que la plupart d’entre elles aiment lire des récits de vie. Quand je leur ai dit que je ne lisais que du fantastique, elles m’ont répondu que j’avais tort et que je devrais essayer : en plus d’un style magnifique, ce genre de livres offre une vision nouvelle de la société. À la fin de la conversation, j’étais confortée dans l’idée que je pouvais trouver du plaisir à lire, sinon une autobiographie, du moins un épisode de la vie de quelqu’un.
Quelques jours plus tard, je vais en kinésithérapie et là, on me parle pour la première fois du Syndrome du bocal. Au cabinet, tout le monde l’avait déjà lu. On m’en a fait de très bons commentaires : « Il a une très belle plume », « Moi, je l’ai commencé et je n’ai pas pu m’arrêter. »
J’ai fini par acheter le livre et, sur la quatrième de couverture, il était mentionné que l’auteur (Claude Pinault) était Orléanais. Cela m’a frappée, car je n’avais jamais eu la chance de pouvoir ne serait-ce qu’envisager de parler à un auteur dont j’allais lire l’œuvre. Or, je suis moi-même Orléanaise et, à l’époque où j’ai commencé ma lecture, il était encore suivi au même cabinet de kiné que moi. Dans les jours qui ont suivi, j’ai rencontré Claude Pinault et il m’a confié que ces derniers mois il avait été très pris par l’écriture de son livre et qu’il en avait même rêvé la nuit. Il était content d’en avoir terminé avec cette tâche. Nous avons discuté de nos expériences et nous nous sommes découvert des points communs.
J'avais à peine commencé ma lecture, que j’avais compris ce qui me plaisait dans ce voyage à travers l’esprit de Claude Pinault. Il réussissait à rendre plaisant et agréable un sujet qui, par sa nature, ne l’est pas du tout : une expérience dans le milieu hospitalier — en tant que patient.
Sa façon d’écrire montre qu’il a du recul vis-à-vis de son expérience. Il utilise souvent des mots qui n’appartiennent pas au registre hospitalier et cela rend agréable la lecture de son livre : « Je ne vais tout de même pas décrocher un CDI de malade lourd ? Je voudrais leur dire tout de suite que je suis un imposteur. » Selon les moments, il utilise différents registres qui sont le reflet de son ressenti. Au fil du récit, nous voyons poindre un malaise chez le personnage principal, qui perd l’usage de son corps et ne se sent pas bien dans son nouvel environnement. Au point qu’il ne supporte pas de se retrouver avec les autres patients. En effet, accepter cette situation serait accepter sa nouvelle condition. Il a un passage à vide qui aboutit à un déclic. C’est là que commence un formidable combat pour revenir à la vie. Ce combat va le mener à s’opposer aux médecins et aux infirmières. Il ne se satisfait pas de ce qu’il est devenu et veut retrouver une vie normale. Faire mentir les statistiques est son défi.
Finalement, je me suis servi de ce livre comme d’une référence sur le comportement à adopter quand on est à l’hôpital et le fait de repenser à cette lecture m’a apporté beaucoup de plénitude. Quand j’ai appris que je devais repasser « sur le billard », j’étais déprimée. Puis il y a eu un déclic et je me suis dit que de toute façon je ne pourrais rien y changer. Je devais donc me résoudre à cette idée pour que cette nouvelle expérience ne soit pas un enfer pour moi et mon entourage. Parfois, je me disais que c’était vraiment difficile et que le sort s’acharnait sur moi, mais je repensais à ce livre et ça allait mieux.
Le Syndrome du bocal est un livre qui ne laisse pas indifférent, un livre où s’entrechoquent deux univers que tout oppose : un monde valide optimiste et un monde hospitalier résigné. Ces univers peuvent pourtant être réconciliés. C’est un témoignage qui m’a été précieux.
Esther Jégou
juill.
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Soumis par Anonyme le dim, 07/24/2011 - 15:17