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Les Templiers

 

 

Commencer un récit par « il était une fois », c'est laisser présager que ce qui va suivre tiendra du merveilleux, du romanesque et fera forcément rêver. Les Templiers ne relèvent pas du fantastique, mais cela ne les empêche pas d'avoir fait fantasmer bon nombre de générations. Car oui : avec leur secret, leur trésor, la quête à laquelle ils se sont dédiés et le mystère qui entoure leur existence, on ne peut que s'intéresser — que dis-je, se passionner — pour ces hommes à la croix pattée. Mais tout ce qui est dit à leur propos est-il vrai ? Leur trésor a-t-il un lien avec la quête du Graal ? L'ordre existe-t-il toujours ? Ont-ils découvert des documents cachés sous le temple de Salomon? Avant toutes choses, intéressons-nous à l'histoire de l'Ordre. 

Tout commence en 1099, le 15 juillet pour être exact, lorsque les croisés — ces chevaliers chrétiens envoyés par le pape Urbain II pour reprendre Jérusalem —, s’emparent de la ville, et mettent fin à la première croisade. Les pèlerins affluent alors de toute l'Europe pour visiter la Terre sainte enfin « libérée » : quittant l'Italie en bateau, ils atteignent le port de Jaffa, avant de gagner Jérusalem par les terres. Cependant, bien que conquis, les territoires bordant la ville restent peu sûrs, entourés de royaumes turcs et musulmans désireux de les reprendre à ceux qui les ont dépossédés. Et le voyage demeure périlleux. Nombre de chrétiens sont attaqués, pillés et souvent assassinés.

Aussi, vingt ans plus tard, neuf chevaliers profondément croyants, menés par Hugues de Payens et Geoffroy de Saint-Aldemar décident de s'embarquer pour Jérusalem afin d’y créer un ordre religieux qui se consacrerait à la défense des pèlerins chrétiens. Ils se présentent au château de Baudouin II, roi de Jérusalem, lui expliquent leur souhait, tout en faisant vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, et, après avoir reçu son accord, s’installent dans la partie est de son palais — à l’endroit même où, auparavant, se dressait le Temple de Salomon — qui fut, selon la Bible, le premier temple juif de Jérusalemn construit par le roi Salomon à la fin Xème siècle avant J.-C.. C’est ainsi que nait l’Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, qui traversa l’histoire sous le nom de l’Ordre du Temple.

Leur courage, leur foi et leur détermination font bientôt leur renommée. Des recrues de toute l’Europe affluent à Jérusalem, en même temps que des dons de têtes couronnées chrétiennes. Ils sont soutenus par l'Eglise et le Pape, aussi bien que par les souverains et par les peuples. Et l’Ordre prenant peu à peu de l'ampleur, ils diversifient leurs activités : de défenseurs de l’opprimé, ils se font conquérants, puis banquiers. En un siècle, ils deviennent l’organisation la plus riche d’Europe, derrière la Papauté : ils reçoivent des donations, achètent, accordent des prêts avec intérêts — par exemple pour remplir les caisses vides d’un trésor royal… Ils inventent même le premier chèque de l’histoire : un document qui permet aux pèlerins de ne pas avoir à garder sur eux leurs pièces d’or ou d’argent, et prend la forme d’un papier codé, qu’on leur remet lorsqu’ils déposent leur argent dans un couvent ou un château de l’Ordre, et qu’ils échangent ensuite contre la somme déposée — le secret de ce papier codé étant jalousement gardé, comme bien d’autres choses à l’intérieur de l’Ordre.

Et de fait, c’est leur goût du mystère qui, en partie, les conduira à leur perte — l’autre raison de cette dernière étant, bien entendu, leur départ de la Terre Sainte, en mai 1291, à la suite de la défaite de la bataille d’Acre et de la perte de Jérusalem aux mains musulmanes. Car une fois de retour en Europe, les Templiers n’ont plus rien n’y personne à protéger — pas de cause à servir, pas de patrie à défendre ni d’ennemi à combattre — et doivent faire face à une hostilité croissante. On leur reproche la perte de Jérusalem. On se méfie de leur puissance, qui paraît menaçante.  Et de nombreux rois jalousent leur immense fortune, plus particulièrement le roi de France qui a contracté une dette immense qu’il ne peut rembourser.

Bientôt, des rumeurs courent sur eux, amplifiées par le secret qui les entoure, et plus particulièrement par celui qui accompagne leur rite d’initiation. On les accuse de parjure, de sorcellerie, de profanation de la Croix, de sodomie… Tout est bon pour convaincre la population de leur malfaisance. Jusqu’au jour où, le vendredi 13 octobre de l’année 1307, dans la nuit, Philippe le Bel, avec l’accord du Pape Clément V, les fait tous arrêter. On leur arrache des aveux sous la torture. Puis ils sont brûlés vif en place publique.

Mais pourquoi l’histoire des Templiers a-t-elle traversé la postérité pour s’inscrire durablement dans le chapitre des énigmes de l’histoire ? Parce que la prédiction du  dernier grand maître de l’Ordre, Jacques de Molay, concernant le roi de France et le pape, s’est effectivement réalisée ?  Torturé pendant plus de sept ans, et brûlé vif dans l’Île de la cité en mars 1314, Jacques de Molay, avant de périr, prédit à ces derniers qu’ils le rejoindraient dans la mort avant la fin de l’année — et de fait, l’un mourut un mois plus tard, et l’autre en novembre. Ou encore parce que le trésor des Templiers — que l’on disait colossal — n’a jamais été retrouvé ? Selon la légende, lors de la nuit maudite du vendredi 13, vingt-quatre chevaliers quittèrent le Temple de la Rochelle avec plusieurs chariots remplis de caisses d’or, prirent la mer à bord de dix-huit caravelles et disparurent à travers les flots, leur mystérieux trésor avec eux.

Où s’arrête l’histoire et où commence le mythe ? Les Templiers suscitent naturellement cette interrogation. Au fil des siècles, de nombreuses légendes se sont greffées sur celles existant déjà, alimentées par quelques illuminés persuadés que les Templiers ont découvert l’Arche d’Alliance sous les fondations du temple de Salomon, ou bien le journal de Jésus de Nazareth,  et par des partisans de la théorie du « grand complot », qui vont jusqu’à les accuser d’être derrière la révolution   française…

Mais peu importe où se situe la vérité, la légende demeure, et avec elle pléthore de mystères passionnants qui n’attendent qu’à remplir l’imagination de celui prêt à s’y risquer. Que les Templiers aient été des soldats de Dieux ou des hérétiques, des hommes sans foi ni loi ou des protecteurs de la veuve et de l’orphelin, ils demeureront toujours fascinants !

 

 

Léa Poirier – L1 Humanités

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