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Marc-Aurèle

 

 

 

Marc-Aurèle naquit dans un monde semblable au nôtre : un empire aux élites décadentes, et distribuant  les titres honorifiques aux citoyens un peu comme des cadeaux…

Rapidement, il a été considéré, au vu de ses qualités de sagesse et d'honnêteté, comme le futur fils adoptif de l’empereur Antonin le Pieux, qui gouvernait alors. Pourtant, cet enfant issu de l'aristocratie ne portait en son cœur aucune ambition politique : seule la vie de l’esprit l’intéressait. Stoïcien, il aimait à dormir sur des peaux d'animaux, et accordait une grande importance à l’érudition, cherchant à s’instruire toujours plus. Il ne désirait pas vraiment le pouvoir, contrairement à ce que pouvaient penser un certain nombre d’intrigants proches de  l’empereur.

Durant son règne, deux choses ont occupé son temps : maintenir la Pax Romana, et penser. En fait, surtout penser, si l’on en croit l'ouvrage qu’il nous a laissé : Pensées pour moi-même. Entre deux massacres de chrétiens, concédés aux tenants du pouvoir militaire ― à l'époque, le christianisme était considéré comme une secte dangereuse ―,  et des guerres authentiquement défensives, il y a noté ses réflexions, fuyant les intrigues de la cour, et s’attachant à préserver son intégrité. Cela ne manquait pas d’un certain toupet. Mais quoi qu'il en soit, ces Pensées, pour nous, étant donné la situation de notre monde, constituent, semble-t-il, un bien meilleur livre de chevet que Le Prince de Machiavel.

 Pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, parce que Marc-Aurèle nous y invite  à nous détacher des biens matériels, des honneurs, de l’opinion des autres, et à nous éloigner de  l’individualisme afin de privilégier la recherche de ce qui est vrai et bon  pour l’harmonie du monde.

Ensuite, parce que son enseignement se fonde toujours sur l'expérience – celle que lui ont fournie l’exercice du pouvoir et les responsabilités qui ont été les siennes. Avec lui, la théorie et la pratique sont constamment  liées.

Enfin, parce que, pour lui, la vie sirituelle ne doit jamais  conduire à renoncer à la réalité. Il s'agit bien plutôt de prendre ses distances par rapport à elle pour mieux la voir et pour mieux s'y adapter.  Et c'est bien en cela que les Pensées pour moi-même sont d'actualité ! Et qu’on peut les lire un peu comme le Tao-te-king de Lao Tseu,  même si elles en diffèrent beaucoup par la primauté qu’elles donnent à la réflexion sur l’intuition.

Thomas Bernard – L1 Humanités