Philoctète, une pièce obscure et inégale.
Philoctète, brillant guerrier, a en sa possession les flèches d’Héraclès. Cependant à cause d’une blessure au pied qui suppure et le fait crier, il est abandonné sur l’île de Lemnos. Mais au bout de dix ans, la guerre de Troyes n’étant toujours pas achevée, les Grecs apprennent que, sans les armes d’Héraclès ils ne pourront vaincre les Troyens. La pièce s’ouvre sur cet épisode : Ulysse (Marc Berman) et Néoptolème (Marc Barbé) se rendent sur Lemnos pour ramener si ce n’est Philoctète (Maurice Bénichou), du moins ses armes. Les trois personnages se haïssent pour diverses raisons. Ulysse va donc avoir recours à la ruse pour arriver à ses fins, il envoie Néoptolème, fils d’Achille, convaincre Philoctète. Néoptolème est trop jeune pour avoir participé à l’humiliation de Philoctète. Philoctète finit par lui confier les armes, mais Néoptolème lui avoue ses mensonges.
La pièce d’Heiner Müller s’écarte ici de la version antique de Sophocle. Il supprime l’intervention des dieux et achève la pièce dans le sang. De fait Philoctète meurt assassiné tandis qu’Ulysse et Néoptolème reprennent la mer.
Scène vide, un dispositif en pente, rectangulaire avec au centre une trappe. Ce dispositif symbolise le rocher dans lequel Philoctète a élu domicile. Il peut également représenter l’île, dans sa dimension limitée. Philoctète est en marge de l’humanité il est retourné à un état sauvage, primitif, de plus avec sa blessure au pied il ne peut plus vraiment se déplacer comme un homme.
Une mauvaise acoustique crée des difficultés à saisir un texte beau, certes, mais obscur. Les trois comédiens s’agitent dans la pénombre, (la scène est rarement bien éclairé) ils ont du mal à nous faire adhérer à leur cause. L’impression que rien ne se passe demeure et persiste, même une fois le rideau retombé.
Philoctète, de Heiner Müller
Mise en scène : Jean Jourdheuil, assisté de Youness Anzane
Théâtre des Abbesses
Du 5 au 21 novembre 2009