Le pouvoir fondamental de la poésie est de libérer la magie des mots, de déshabiller le verbe en le ramenant à un idéal de pureté.
La poésie moderne s’est avérée révolutionnaire dans ce domaine. Mais toute poésie est sœur de la métaphysique et de la religion, et nous transporte dans le royaume de l’Idée, de la Fantaisie, du Rêve. Quittant les rivages bornés de notre existence, elle veut explorer l’océan de mystère qui partout nous entoure. Elle aspire à exprimer l’inexprimable, à connaître l’inconnaissable. « Elle veut nous donner le frisson de l’inconnu », a dit Charles Sarolea.
Cet inconnu, ce sera souvent l’espace cosmique qui en sera l’image. On se souvient plus particulièrement de l’affirmation de Platon dans Phèdre : « L'espace qui s'étend au-dessus du ciel n'a pas encore été chanté par aucun des poètes d'ici-bas et ne sera jamais chanté dignement ». Mais à l’évidence nombre de rêveurs d’univers l’ont démenti. On peut songer à Aratus, Buchanan, Dellile, Daru. Ou bien encore à Supervielle qui écrit dans « Rythmes célestes » :
Sous la chétive pesée de nos regards, le ciel nocturne est là, avec ses profondeurs, creusant nuit et jour de nouveaux abîmes, avec ses étincelants secrets, sa coupole de vertiges. Et nous vivrions dans la terreur de milliards d'épées de Damoclès si nous ne sentions au-dessus de nos têtes l'ordre, la beauté, le calme - et l'indifférence - d'un invulnérable chef-d’œuvre. L'aérienne, l'élastique architecture du ciel semble d'autant plus faite pour nous rassurer qu'elle n'emprunte rien aux humaines maçonneries. Celles-ci, même toutes neuves, ne songent déjà qu'à leurs ruines. L'édifice céleste est construit pour un temps sans fin ni commencement, pour un espace infini.
Mehdi-Yann Fullenbaum- L1 Humanités