L’Entêtement est le dernier volet d’une série de sept pièces intitulée L’Hépatologie de Jérôme Bosch, conçue par le dramaturge argentin Rafael Spregelburd à partir du tableau des Sept péchés capitaux de Jérôme Bosch, et comprenant également, entre autres, La Panique, La Paranoïa ou encore La Connerie… Actuellement en tournée, elle a été représentée à Saint-Quentin-en-Yvelines en décembre 2012 dans le cadre du Festival d'automne.
L’action de cette pièce a pour cadre la guerre civile espagnole. Elle se situe plus précisément à la toute fin de ce conflit qui a opposé les républicains aux nationalistes, et nous raconte l’histoire d’une famille dont chaque membre à un rapport différent avec celui-ci. Il y a le père, qui est franquiste, et sa femme ; les filles — l’une, républicaine, l’autre, hystérique — ; et quelques proches.
La pièce se déroule en trois temps, qui, chacun, correspondent à un point de vue particulier porté sur une même histoire, et se situent dans un endroit différent de la maison du commissaire Jaume Planc, le personnage principal de la pièce.
Nous nous trouvons d’abord, dans le salon, puis dans la chambre, et enfin dans le jardin, tandis qu'au fur et à mesure que l'histoire avance, nous voyons les choses se préciser, un peu comme dans un roman policier. A certains moments, ce sont des indices révélateurs qui viennent s’ajouter. Et à d'autres, des éléments, que l'on avait crus tout à fait anodins au début de la pièce, et qui se révèlent soudain essentiels.
Cette structure singulière confère à la pièce une sorte de virtuosité. Mais l’intérêt de celle-ci réside aussi dans les thèmes qui y sont abordés — le fascisme, la nature humaine, la religion, le langage… La réflexion sur le langage, plus particulièrement, y occupe une place importante, comme en témoigne l’étrange langue, dérivée de l’esperanto, que le commissaire tente de développer dans le but de réconcilier tous les peuples : le « katak », une sorte de protolangue que tout le monde pourrait comprendre.
La mise en scène de L’Entêtement a été confiée à l’Argentin Marcial Di Fonzo Bo, qui a déjà travaillé à deux reprises sur des textes de Rafael Spregelburd. Très réussie, elle procède d’un subtil mélange qui emprunte à l’esthétique du polar aussi bien qu’à celle du cinéma.
Cependant, le fait que certains passages soient en espagnol peut désarçonner certains spectateurs non-hispanophones, et cela malgré la présence des sous-titres.
Rémi Lufuta - L1 Humanités