Qui a dit que lecture et tendance n'allaient pas ensemble ?
On peut être superficielle ET aimer lire. Tout à fait. La preuve en est avec cette mode venue des États-Unis et d'Angleterre: la "chick lit", en français "littérature de minettes" ou plus précisément "de poulettes", envahit librairies et mains aux ongles vernis des filles plus ou moins jeunes, qui assument leur superficialité et leurs petits (et gros) défauts. Les romans réunissent en général les mêmes codes, autour desquels l'auteure, puisqu'il ne s'agit pour le moment que de femmes, construit son histoire : jeune femme d'une vingtaine-trentaine d'années, plutôt belle, indubitablement intelligente, intéressante, drôle et active, riche, ou en tous cas pas dans le besoin, bref quasiment parfaite...à ce détail près qu'elle est célibataire, ou qu'un goujat vient lâchement de l'abandonner quand elle n'est pas déjà mariée à un mufle qui ne la mérite pas une seconde !
Et pour ajouter une touche tendance et surtout glamour à l’ensemble, ces nouvelles héroïnes de la littérature sont invariablement des bêtes de mode qui ne jurent que par les grands couturiers et faiseurs de tendances : pas de cocktail sans un ensemble Marc JACOBS sur le dos, pas de pause café sans Jimmy CHOO de 15 cm aux pieds. Sans compter les soirées ultra vip où seule la crème du gratin est admise et où tout le monde dévisage…ou plutôt déshabille tout le monde du regard.
Mais trêve de bavardage, ce mouvement ne vient pas de nulle -part. Bien que ce soient des succès cinématographiques comme « Le Journal de Bridget Jones » ou « Le Diable s’habille en Prada » qui aient popularisé le genre dans les années 2000, il a été initié dès les années 1990 par l’Anglaise Sue Townsent, à qui l’on doit « The Secret Diary of Adrian Mole aged 13 ¾ », une nouvelle dans laquelle un jeune garçon raconte sa vie ô combien compliquée entre amis, amour, parents et adolescence. Le point commun entre l’ancêtre et son successeur, c’est la relative situation de crise que traverse le personnage principal : il y a toujours tout un tas de problèmes insolubles à surmonter, qu’il s’agisse d’un premier amour qui resurgit, d’un bébé qui va naître ou d’un déménagement à rallonge. Cependant le ton reste très léger et les personnages ne se prennent pas du tout au sérieux. Comme au XVIIe siècle, les jeunes filles pouvaient s’identifier à la princesse de Clèves, au XVIIIe, à Cécile de Volanges, celles du XXIe siècle se rêvent en jeunes femmes overbookées et à la pointe de la mode, menant de front une vie intéressante et bien remplie. Mais la « chick lit »n’est pas seulement un type de roman, c’est un aussi un style d’écriture bien particulier : ironie, humour, désinvolture, vocabulaire moderne - entre anglicismes, grands noms de la mode et néologismes. Le ton drôle et vif dédramatise les « problèmes » rencontrés par l’héroïne et différencie ces histoires des traditionnels romans « à l’eau de rose ». La « chick lit » peut être vue comme leur évolution plus en phase avec l’air du temps, chargé de people toujours plus glamour, plus beaux, plus riches, plus tout !
Mes conseils
Gossip Girl, de Cecily von ZIEGESAR, 2002, Fleuve Noir
Blonde attitude, de Plum SYKES, 2005, JC Lattès
Peinture fraîche, de Zoë BARNES, 1999, Fleuve Noir
Les petits secrets d’Emma, de Sophie KINSELLA, 2003, Belfond
Confessions d’une accro du shopping, de Sophie KINSELLA, 2000, Belfond
Et tous les romans d'Isabel Wolff
Les Tribulations de Tiffany TROTT, 1998, JC Lattès
Les Amours de Laura QUICK, 2006, JC Lattès
Et beaucoup d’autres que je n’ai pas encore lus.
2 comments
Je viens de lire "les amours de Laura Quick". Un livre très agréable !
J'aime bien le “chick lit” comme on dit. C'est léger et agréable à lire. Pas besoin de se prendre la tête et c'est exactement ce qu'il me faut l'été au bord de la piscine ou dans les transports pour oublier la chaleur, les bavardages et la notion du temps. Je n'irai pas jusqu'à m'identifier aux personnages cependant.