Perdu dans les airs

Le matin du 2 juin 2009

Un avion qui décolle de Rio pour ne plus jamais atterrir, l’image est presque poétique. Et pourtant, cette histoire d’avion, c’est deux cent vingt-huit morts, la plus grave catastrophe pour la compagnie aérienne Air France. Une cérémonie aura lieu demain à la Cathédrale de Notre Dame.
Petit rappel des faits. L’Airbus A330-200 répand sa fumée blanchâtre sur le tarmac puis décolle. Nous sommes le 31 mai 2009, il est 19h heure locale. Quelques heures plus tard, l’appareil traverse une zone orageuse avec fortes turbulences, on reçoit alors un message automatique indiquant une panne de circuit électrique. Depuis plus rien. La Compagnie met en place une cellule de crise, la panique médiatique empêche l’aide aux familles des victimes, la France est secouée, et le monde entier avec elle. « Plus rien ? Mais enfin, m’objecterez vous, un Airbus A330 ne disparaît pas comme ca ! » Et bien si, aussi étrange que cela puisse paraitre, nous sommes toujours sans nouvelles du géant ailé. Nos fantasmes se sont déchaînés et nous avons imaginé tous les scénarios possibles. Nous avons accusé le ciel pour ce sacrifice humain, évoqué la foudre, les météorites, la fatalité. Puis ce fut à l’homme de se présenter devant la barre, on le savait capable d’attentats. Voilà qui alimente un peu plus la psychose, née avec la chute des Tours Jumelles. L’avion, également exposé à la folie de l’homme et aux catastrophes naturelles, est ce qui unit et sépare les individus. Bref, toutes les pistes restent béantes et l’enquête reste au point mort. Un seul mot, récupéré par la majorité de nos quotidiens nationaux, résume à lui seul la situation actuelle : « mystère ». Puisque, malgré quelques alertes techniques de pacotille, rien n’était réellement inquiétant, et puisqu’aux aucune des trois balises de détresse n’a été émise, le mystère reste entier. Il faudra cependant faire vite, il ne nous reste plus qu’une trentaine de jours avant que la boite noire, probablement immergée dans les eaux de l’Atlantique, se détruise. Nicolas Sarkozy s’avoue lui-même bluffé et confie : « nous n’avons aucun élément précis sur ce qui s’est passé ». A croire que notre héros national est partout présent sauf dans les airs.

Martin Rhodes
L3 Humanités