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Cinquante ans après la mort de l’écrivain, les Justes sont à l’affiche.
Soumis par marie-alice.poisson le jeu, 07/01/2010 - 15:55
Peut-on légitimer le crime politique ? Peut-on tuer pour des idées ?
Aujourd’hui comme jamais, ces questions se posent. Stanislas Nordey réactualise ces interrogations à travers les terroristes des Justes.
Dans l’intimité d’un appartement, les auteurs de l’attentat s’interrogent avant, après et même pendant l’acte. Chaque personnage est porteur de ses doutes, de ses faiblesses, de ses forces, mais ils semblent former une unité, un tout, ils se répondent les uns les autres. Face à Stepan pour qui l’action révolutionnaire n’a pas de limites, Kaliayev refuse « d’ajouter à l’injustice vivante pour une justice morte ». Au fil des dialogues, on découvre les personnages qui, sous leurs masques de terroristes, sous leur uniforme presque militaire, sont hésitants, tiraillés. Ils doutent mais se sont destinés à leur acte, ils ont renoncé à une vie banale pour faire triompher leurs idées.
Les textes sont admirablement portés par les acteurs. La mise en scène dépouillée de Nordey permet de laisser toute la place aux mots qui résonnent, vibrent et s’éteignent. Les comédiens sont excellents, de Mouawad à Béart en passant par Leidgens qui incarne la conscience de cette cellule de terroriste. La pièce archiconnue prend une nouvelle dimension.
On peut retenir le formidable passage de la cellule où Kaliayev (Vincent Dissez) est emprisonné et rencontre Skouratov (Laurent Sauvage), le chef de la police.
Tout au long de la pièce nous sommes, spectateurs, placés au centre de l’action, des discussions. On partage leurs craintes, leurs doutes et à la fin on ne peut s’empêcher de se laisser emporter par nos émotions, face à ces vies perdues. Ou pas, à vous de juger…
Les Justes
D’Albert Camus
Mise en scène : Stanislas Nordey
Avec Emmanuelle Béart, Vincent Dissez, Raoul Fernandez, Damien Gabriac, Frédéric Leidgens, Wajdi Mouawad, Véronique Nordey, Laurent Sauvage
Du 19 mars 2010 au 23 avril 2010
Théâtre Nationale de la Colline
Marie-Alice Poisson, L3 Humanités
