Baz Luhrmann et l'amour : trois films qui font pleurer (ou pas!)
« Roméo + Juliette » (1996) :
"Two households, both alike in dignity,
In fair Verona, where we lay our scene..."
L'originalité principale de cette adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare est qu'on y entend les textes mêmes de Shakespeare, mais que la mise en scène est moderne. II fallait oser : le pari est réussi! L’histoire, tout le monde la connaît : Roméo (Leonardo DiCaprio) et Juliette (Claire Danes), qui appartiennent chacun à deux familles ennemies, ont le malheur de tomber amoureux l’un de l’autre…
« Moulin Rouge » (2001) :
Fin du XIXe siècle. Christian (Ewan McGregor), un jeune poète sans succès, pense que Paris va lui apporter l’inspiration pour écrire une grande pièce de théâtre sur l’amour. Mais, n’ayant encore jamais rencontré celui-ci, sa plume ne parvient pas à produire grand-chose... jusqu’au jour où il tombe sur le peintre Henri de Toulouse-Lautrec, qui l’embauche pour participer à la création d’un spectacle pour le Moulin Rouge. Ce cabaret, lieu de décadence, sera finalement l'endroit où Christian va trouver ce qu’il a cherché toute sa vie, l’amour, en la personne de Satine (Nicole Kidman), la courtisane la plus convoitée du Moulin Rouge.
« Australia » (2008) :
Fin des années 30. Lady Sarah Ashley (Nicole Kidman), aristocrate hautaine, têtue et pourrie gâtée, décide de se rendre en Australie pour rejoindre son mari, qui semble avoir quelque mal à vendre Faraway Downs, un immense domaine qui leur appartient. Le territoire est presque en ruine, la population est « sauvage », mais Sarah va y trouver l’amour d’un homme, d’un enfant et d’une terre. Elle doit faire face à la mort suspecte de son mari, à des personnes cruelles qui convoitent Faraway Downs, aux haines raciales qui menacent un jeune aborigène orphelin qu’elle est conduite à aimer comme son propre fils, et à la seconde guerre mondiale, qui rattrape l’Australie et la bombarde. Dans son périple, elle ne sera pas seule : un séduisant « cow-boy » appelé « drover » (Hugh Jackman) lui permet de résister et malgré tout le malheur qui les entoure, rien ne parvient à rompre leur merveilleuse histoire d’amour. Et pour la première fois de sa vie, Sarah va se battre pour sauver ce à quoi elle tient réellement.
Baz Luhrmann est Cupidon. Réalisateur de « Strictly Ballroom » (1992), « Roméo+ Juliette », « Moulin Rouge ! » et « Australia », c'est un grand romantique, qui aime à cultiver les différences entre les êtres qui s'aiment. Il nous présente fièrement l’amour entre une courtisane et un poète, entre un cow-boy et une aristocrate, et finalement, c’est cette forte divergence dans les conditions sociales et les personnalités qui rend ses histoires si particulières et passionantes. L' amour qu'il peint est immortel, métamorphose les êtres; c'est un amour passionnel, qui nous arrache des larmes jusqu’à l'épuisement (enfin, pour ce qui est des larmes, je ne vous garantis rien : chacun a sa sensibilité !). Mais avec ou sans nos larmes, c’est un génie.
Sans doute le succès de ses films doit-il beaucoup aux acteurs qu’il met en scène, puisque finalement, ce sont eux les imposteurs qui nous mettent hors de nous. Un grand bravo à Léonardo Di Caprio, le plus beau Roméo de tous les temps, et à sa Juliette, Claire Danes, extraordinairement belle, naturelle et pleine de charme ; à Ewan McGregor, poète raté le plus réussi qui soit ; à Hugh Jackman, cow-boy sexy et ouvert d’esprit; et, last but not least, à Nicole Kidman, perle de douceur, énergique et envoûtante : on aime la prostituée de « Moulin Rouge » et la Lady de « Australia ».
Mesdemoiselles, préparez vous à tomber consécutivement amoureuses de Léo, Ewan et Hugh et à devenir très exigeantes avec vos moitiés. Après « Roméo + Juliette », vous risquez de demander à votre amoureux d’entrer par effraction chez vous au beau milieu de la nuit et de vous inviter à un bain de minuit romantique dans une piscine que vous n’avez pas. Après « Moulin Rouge », vous allez certainement inscrire votre chéri à des cours de chant et le forcer à composer de belles sérénades, qu’il devra vous adresser jour après jour. Votre Jules, enfin,serait bien inspiré de vous empêcher de voir « Australia », car, après ce film, il devra savoir dresser les chevaux, les monter, et être d’une tolérance exemplaire. Et si tout cela ne se produit pas, ne vous inquiétez pas : je vous l'ai dit, à chacun ses réactions !
Ce qui distingue ces films des autres films d’amour, c’est la touche de folklore que Baz Luhrmann y ajoute. Danse et musique viennent constamment accompagner les sentiments des personnages. Dans « Moulin Rouge », je pense à certaines scènes de danse et de chant qui caractérisent parfaitement les moments nerveux, délirants, amoureux, tristes ou comiques. Dans « Roméo et Juliette », les personnages ne chantent pas - Shakespeare oblige -, mais les musiques de fond, parfois rock’n’roll pour être adaptées à l’époque, parfois classiques et dramatiques pour accompagner l’image et la situation, influent considérablement sur nos émotions. Et si dans « Australia », la musique se fait beaucoup plus discrète, elle y a une place très importante et symbolique : c’est grâce à une chanson que des liens se créent et perdurent. Vous me trouvez mystérieuse? Certes, mais il ne faut pas en dire trop...
Sarah Rashidian (L2)
Pas vu Australia, mais pour les 2 autres chefs d'oeuvre de réalisation, Baz sait merveilleusement bien jouer avec la couleur. Chaque plan est une carte postale. Et la musique...aaaahhhhh !!!!
J'ai également vu le film de Zeffirelli (j'ai eu la chance d'avoir une prof qui ne faisait pas les choses à moitié!) et je l'ai trouvé formidable également.
Mais je ne pense pas qu'on puisse réellement comparer les deux: Zeffirelli est une transcription fidèle de la pièce, et une transcription réussie qui plus est, chose que j'ai tendance à trouver assez rare; le film de Luhrmann est une transposition, et personnellement, elle m'a semblée bien menée. On retrouve tous les éléments dramatiques de la pièce (la transition comédie/tragédie, le poids de la fatalité, le caractère "bilieux" de Roméo, celui de Juliette et des autres personnages dans l'ensemble, etc, je vais pas refaire tout mon cours...), qui marchent même dans ce contexte moderne. Après, je suis nulle en anglais, c'est peut-être aussi pour ça que je n'ai pas non plus fait grand cas du décalage époque/langage!
Ceci dit, je suis d'accord avec Morgane par rapport au personnage de Mercutio, qui m'a laissée un peu songeuse...
: ) Je peux comprendre pour Mercutio, travesti, drogué et complètement déjanté. Moi j'ai adoré voir cette pièce dans un décor moderne et je trouve les acteurs vraiment excellents. Pour ce qui est de la version de Zeffirelli, je la trouve absolument grandiose et je crois ne jamais avoir autant pleuré devant un film! Mais c'est beaucoup plus classique, celle de Baz Luhrmann a le mérite d'être originale.
Eh bien alors je fais partie des rares qui n'ont pas aimé Roméo+Juliette! C'est justement le contraste entre la mise en scène moderne et les dialogues shakespeariens restitués qui m'a dérangé. Et Mercutio est très lassant, avec ses simagrées trop exagérées..
Le film doit peut être considéré à part (en dehors du fait qu'il soit une adaptation d'un livre) pour être apprécié.. Mais comme adaptation de Roméo et Juliette, je préfère largement la version de Zeffirelli (1968), plus fidèle!
Pas vu les autres films de Lurhmann ceci dit.
Merci ! Je pense que rares seront ceux qui n'aimeront pas roméo et juliette. Pour moulin rouge c'est moins évident parce que le film est assez spécial, c un univers plutôt décalé. Mais par contre Australia, je pense que c le moins réussi des trois. Il est très beau et très réussi mais moi il m'a nettement moins touché. Enfin bon, quoi qu'il en soit, Baz Lurhmann : top ! : )
Tout à fait! Roméo + Juliette est un très bon film. Moulin Rouge est magnifique également. Pour Australia, je le louerai en dvd quand il sortira car je l'ai raté au cinéma. Mais cet article me donne très envie de le voir.
Je recommande à tous "Romeo + Juliette". Sceptique au départ, lorsque ma prof de littérature l'an passé nous en avait parlé (nous étudiions Roméo et Juliette), je l'ai finalement regardé... Et je n'ai pas été déçue! Est-ce parce que nous avons fait une étude poussée de la pièce auparavant que j'ai pu apprécier toutes les subtilités de transposition dont a fait preuve Luhrmann? Peut-être...
Il n'empêche que ça reste un très bon film, à voir... voire à revoir!