La Peacock Society renoue avec son public

          Après avoir été réduit au silence pour son édition 2020, le festival célébrant les cultures musicales électroniques a pu retrouver son public les 4 et 5 septembre dernier dans le parc de Choisy. Pour ce faire un nouveau modèle était nécessaire : nouveau lieu, nouvelle tranche horaire et nouvelle philosophie, voici les ingrédients qui ont permis à l'organisation d'envisager une belle édition et de relancer le bal des soirées électroniques parisiennes. 

« Une nouvelle histoire commence »

            Cela fait sept ans que We Love Art rythme les nuits parisiennes en organisant notamment We Love Green et la Peacock Society, et en faisant évoluer et grandir chaque années leurs projets. La crise du Covid a sonné l’arrêt de ce développement et plus généralement mis au chômage technique une grande partie de la culture. Il était donc nécessaire de réinventer le festival pour envisager une édition la plus sereine et festive possible dans ce « nouveau-monde » post-covid. « On s’est mis à rêver d’un festival en plein air, plus grand, plus végétal, plus libre, plus digital, plus coloré, plus bariolé, plus fou. Un grand rassemblement de jour plus ouvert sur la nature, avec de belles scènes nichées au milieu des bois, en harmonie avec son environnement. », explique l’équipe du festival. La nuit laisse donc la place au jour et les vieux entrepôts désaffectés aux grandes étendues verdoyantes dans ce nouveau format 12h-00h. C’est d’ailleurs ce qui frappe en premier en rentrant sur le site du festival, on est loin de l’approche berlinoise de la musique électronique, ici c’est un cadre bucolique et accueillant qui attend les festivaliers venus se retrouver et danser en nombre. A l’entrée, aucune file d’attente malgré la vérification des pass-sanitaires et une joyeuse ambiance de retour à une vie presque normale (seulement 50 test antigéniques d’effectués sur 15000 festivaliers le premier jour). La chaleur de l’été indien est présente, le public a enfilé son plus beau outfit, la musique résonne, bref tout est prêt pour passer un bon week-end alors c’est parti !

 

 Une programmation de haute volée

 
 

 

Pour faire danser tout ce beau monde les programmateurs ont choisi de privilégier des artistes et collectifs français, déjà pour s’affranchir de certaines incertitudes quant aux restrictions d’accès au territoire français pour certains artistes venant de pays considérés à risques, mais également pour mettre en avant nos talents locaux. Et en la matière la scène française n’est pas à plaindre puisqu’elle a​ sous son pavillon plusieurs fleurons de la musique House, Techno ou Gabber avec notamment Folamour, Kiddy Smile, U.R Trax, I Hate Models ou bien Casual Gabberz. Pas moins de cinq scènes disponibles et 24h de son en cumulé, la programmation a donc également laissé la part belle aux collectifs pour devenir curateurs de certaines scènes comme Underscoped qui s’est occupé de la scène Woody pour la messe dominicale. Mais les têtes d’affiches ne manquaient pourtant pas, on note notamment la présence de la fabuleuse dj russe Nina Kraviz qui est venue jouer ses meilleurs titres sur la Mirror Stage pour un closing incroyable le samedi soir. Malgré l’annulation de dernière minute de Ricardo Villalobos, les festivaliers ont pu se sustenter avec les sets Traumer ou Solomun.

 

 

 Un festival eco-responsable et inclusif

            La mutation du festival a été faite en concertation avec son public via un grand sondage et c’est sans doute là la clef d’une mutation réussie. Les grands thèmes qui sont ressortis de cette consultation étaient l’inclusivité et l’éco-responsabilité, c’est chose faite avec succès par l’organisation qui, avec le parc de Choisy, a trouvé un écrin de verdure qui s’est révélé être le poumon de verdure et le cœur de la renaissance de ces cultures dites « non-essentielles » pendant la crise sanitaire. Les organisateurs se sont d’ailleurs attachés à faire une très large prévention et sensibilisation auprès de leur public pour préserver cet écrin. Ainsi, aucune bouteille en plastique n’était en circulation sur le site (même en backstage), uniquement des « ecocups », des cendriers de poches ont été distribués et des poubelles jalonnaient toutes les allées du festival.

           Pour ce qui est de l’inclusivité, la programmation était très largement (et majoritairement féminine) et la place était laissée aux minorités pour s'exprimer artistiquement. Kiddy Smile à notamment enflammé la Nomad Stage le dimanche avec un set aux sonorités house, ne se refusant pas non plus à passer quelques classiques des années 2000 pour le plus grand plaisir de la foule. Lui qui avait arboré fièrement un tee-shirt sur lequel était écrit « fils d’immigré, noir et pédé» lors de son set à l’Élysée pour la fête de la musique 2018. Sur la même scène on peut également noter le set énergique de la dj britannique The Blessed Madonna qui avait changé son nom de scène récemment en soutient au mouvement Black Lives Matters. Le festival avait également largement communiqué, avant et pendant le festival, pour prôner la bienveillance entre les festivaliers et rappeler que ce week-end se devait d’être un rassemblement festif et inclusif. La Peacock Society se voulait être un safe place et l’a été, pari réussi !

La société du paon a donc réussi sa renaissance et a tout pour devenir le rassemblement électronique de la rentrée. Prochaine édition en septembre 2022 !

 Crédits photo @blokaus808

 

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