Parisiennes Citoyennes ! : l'exposition féministe en ce moment au Musée Carnavalet
Lutter pour le droit de vote, la parité, la libre disposition de leurs corps, l’égalité salariale ou simplement le partage des tâches au sein du foyer … Voici un échantillon réduit des combats auxquels les femmes font face depuis la Révolution. Entre traversée historique et récits intimes, le Musée Carnavalet vous convie à son exposition Parisiennes Citoyennes ! du 28 septembre 2022 au 23 janvier 2023.
Les femmes entrent au musée d’Histoire de Paris ! :
L’exposition temporaire Parisiennes Citoyennes ! invite son public à une rétrospective allant de la Révolution jusqu’aux années 2000 et présente des figures parisiennes emblématiques. Jusqu’ici, elle s’inscrit dans une continuité parfaite de ce que propose le Musée Carnavalet. Pourtant, à bien des égards, ce qui peut sembler être un petit pas pour les visiteurs est une révolution à l’échelle du musée.
Vous ne le savez peut-être pas mais le Musée Carnavalet a connu une période de fermeture de plus de quatre années. Celle-ci a eu pour but une réhabilitation complète de l’institution et une refonte de certains espaces. Elle n’a réouvert ses portes au public que depuis octobre 2021. A cette occasion, l’exposition temporaire mettait à l’honneur la figure de l’écrivain Marcel Proust pour coïncider avec le calendrier de son 150ème anniversaire et ainsi s’inscrire dans une programmation parisienne plus globale. Ensuite c’est l’exposition Parisiennes Citoyennes ! qui accueille le public. C’est un geste fort de la part de l’institution que d’ancrer sa réouverture dans un sujet si contemporain et parfois contesté que le féminisme, surtout au vue de sa dimension historique. Toutefois, la dimension politique de cet événement n’est pas à négliger. Le musée est sous la tutelle de ville de Paris, ce qui signifie qu’au-delà du lieu, c’est surtout la municipalité qui s’adresse au public.
Un parcours, 5 temps forts :
L’exposition Parisiennes Citoyennes ! présente à son public plus de 300 expôts parmi lesquels on retrouve une très grande diversité d’objets. Les différents tableaux et portraits côtoient des articles de presse et de publicité mais aussi des objets du quotidien. Les contenus audios et multimédia ne sont pas en reste et se multiplient à partir de la seconde moitié de la visite. L’accent est mis sur la dimension visuelle de l’exposition à travers une multiplicité de supports en fonction des époques notamment. D’ailleurs cette trame historique est bien évidement présente tout au long du parcours de visite et permet de guider le visiteur. Elle apporte une véritable plus-value car elle garantit le lien entre les thématiques abordées, lesquelles peuvent sembler un peu éloignées les unes des autres à première vue. Le commissariat d’exposition a fait le choix de diviser le parcours en cinq grandes périodes, surement dans un but de lisibilité. Chacune de celles-ci sont matérialisées par une couleur ce qui rend l’expérience de visite particulièrement intuitive. Vous n’y prêterez pas forcément attention, mais cela vous permettra de situer historiquement l’ensemble de contenus qui vous est proposé. Tout au long de votre visite prenez le temps de lire, les différents textes de salles. Non seulement ils sont passionnants et constituent une mine d’or d’informations à propos de l’histoire du féminisme, mais se sont aussi des objets d’art à eux seuls. En effet, pour les lecteurs de bande dessinées les plus aguerris, vous reconnaitrez les illustrations de l’artiste Lisa Mandel. Cela montre l’attention que le musée a souhaité porter à ce projet, et ce dans tous ses aspects.
Un manifeste universel porté par des voix multiples :
Un des éléments qui ne pourra pas vous échapper, c’est le ton engagé, parfois presque subversif de cette exposition. Cela commence dès le titre. Celui-ci est court mais il porte un ensemble de valeurs et la notion d’engagement que porte à lui seul le terme de « citoyennes ». L’imaginaire collectif d’un certain type de combat, d’une envie de liberté et de conquête de droit est donc d’emblée convoqué. De plus, il se dote d’un point d’exclamation à la fin ce qui renforce cette dimension expressive voire contestataire. Cela vous semble peut-être être un détail mais il n’en n’est rien car cela participe à placer les spectateurs dans une certaine posture d’attentes et de réception vis-à-vis de l’exposition. Ce ton est porté durant tout le parcours de l’exposition. Exit les cartels et les kakémonos à pure visée descriptive ! Le musée fait la part belle à l’expression des idées et au militantisme, et ça fait du bien. Les concepts et diverses les prises de position sont évoqués sans détour, et visiblement le public apprécie.
Selon moi, le véritable intérêt de cette exposition se situe dans la multiplicité des points de vue défendus. S’il l’on devait retenir qu’une seule chose à l’issue de la visite, c’est la diversité de voix, de supports et de moyens (plus ou moins radicaux) par lesquels s’expriment le mouvement féministe. Des portraits et des causes parfois très différentes sont mises en avant, et ce au même niveau, ce qui permet au public de venir nourrir sa propre réflexion. Chacun est libre d’y trouver ses propres modèles, inspirations et motivations à leur engagement. Loin de chercher à uniformiser le propos, au contraire, le musée Carnavalet permet à toutes les voix d’être portées que ce soit celles des figures incontournables, de celles que l’histoire a moins retenu ou encore de millions d’anonymes. Les grandes dames d’hier contient les personnalités fortes d’aujourd’hui. Cette recherche d’exhaustivité et de documentation est primordiale dans un monde où, encore aujourd’hui certaines idées sont invisibilisées au profit d’autres remportant davantage l’adhésion de l’opinion publique. Avec Parisiennes Citoyennes !, c’est un féminisme à voix multiple qui se fait entendre !
Les activités proposées :
Si les thématiques du féminisme vous intéressent particulièrement, vous apprécierez surement la possibilité de pouvoir prolonger votre visite par l’une des activités proposées. Elles sont nombreuses au Musée Carnavalet bien que la plupart d’entre elles ne soient accessibles qu’aux personnes entre 18 et 30 ans, que l’institution rassemble sous la catégorie de public « jeunes adultes ». Cela se justifie en raison du sujet de l’exposition qui mobilise un certain nombre de concepts et de références culturelles et historiques dont ne disposeraient pas les plus jeunes participants.
L’une des activités a retenu mon attention : il s’agit de la visite-atelier de l’exposition. Après avoir suivi un parcours d’une quarantaine de minutes dans l’exposition accompagnée par une médiatrice, le public rejoint les salles d’ateliers pédagogiques du musée pour créer une banderole féministe basée sur un slogan. Qu’il soit inventé, repris ou réinterprété, le principal c’est de se faire entendre ! Pendant votre réalisation, profitez-en pour créer du lien avec les autres personnes présentes à l’atelier et échanger autour des visions de chacun. C’est peut-être l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et de confronter des points de vues hétérogènes, dans le but de se questionner toujours davantage autour de ces thèmes d’actualité ! Pour en avoir fait l’expérience, je la recommande vivement. Vous avez maintenant envie de découvrir Parisiennes citoyennes ! par ce biais ? A vos agendas ! Une prochaine session est proposée le 10 décembre prochain puis le 14 janvier 2023 pour clôturer l’exploitation de l’exposition.
Entre petite et grande Histoire, venez découvrir l’exposition Parisiennes Citoyennes ! jusqu’au 23 janvier prochain. Plongez dans la réalité des combats féministes d’hier et aujourd’hui, le tout dans un lieu majestueux et chargé d’histoire. Laissez-vous surprendre par ces femmes toutes différentes et à la fois unies par une même volonté : ouvrez-vous à un féminisme à voix multiples !