L'Exposition Détour : plongez dans l'expérience immersive de Visual System à la Gaîté lyrique
" A l’heure où, collectivement, nous avançons dans un espace-temps à l’horizon voilé, comment s’écarter un instant du chemin pour se mettre dans un au-delà de ce monde?" Avec Détour, le collectif français d’artiste Visual System nous transporte au coeur d’une forêt envoûtante à l’abstraction géométrique. De ses piliers lumineux jaillissent de douces sources électroluminescentes et des faisceaux colorés. Enveloppés, sans repère et sans point de vue fixe, nous sommes partout au centre d’une voûte sonore et nous nous fondons au beau milieu d’elle, là où tout se ressemble. Dans une poétique de l’espace, l’oeuvre nous tend la main, nous tire à elle et nous porte. Un groupe d’hommes et de femmes cherchent à sortir de ce bois moderne, tour à tour lieu d’enchantement, refuge de leurs peurs et de leurs joies passagères.
Croisant les arts plastiques, le spectacle vivant et la performance, le collectif pluridisciplinaire Visual System mène depuis 2007 des recherches avancées sur les dispositifs électroniques lumineux. Fondées sur la synesthésie, sensation supplémentaire faite de lumières, d’images, de sons et de mouvements, leurs expériences sensorielles sont à vivre dans l’espace avec le corps tout entier. Performance dansée au coeur de Détour par Brandon Miel, issu de la compagnie Mazelfreten, avec Filipe Francisco Pereira Silva, Thé Haggia-Meier, Marie Lévénez. La dernière performance était ce jeudi 9 décembre, mais l’exposition peut-être visitée jusqu’au 3 mars 2022 avec des concerts de musique acoustique.
La Gaîté Lyrique inaugure un espace entièrement reconfiguré : la zone d’exposition du premier étage se transforme en une étonnante forêt lumineuse et sonore aux airs d’illusion d’optique.Premier invité du programme, Visual System imagine une sculpture tridimensionnelle, évolutive et colorée, formant une atmosphère à la fois sonore et visuelle invitant à la déambulation et à la contemplation. Poursuivant ses explorations des cultures post- Internet, la Gaîté Lyrique inaugure un programme artistique dédié aux nouvelles écritures et expériences immersives. Dans la société d’images dans laquelle nous vivons, ces formes de récit innovantes, qui mobilisent tous nos sens, méritent une attention toute particulière. Ce nouveau programme prend forme au premier étage de la Gaîté Lyrique. L’entièreté du plateau est désormais consacré à la découverte des potentiels créatifs liés aux développements récents des technologies d’immersion et d’interaction.
Dans Détour, le visiteur, totalement libre de ses mouvements, découvre seize « totems » de piliers blancs d’une hauteur de 2,50 mètres striés de LED. Inspirés par les sculptures picturales abstraites, ces monolithes lumineux sont érigés au sein d’un espace plongé dans le noir. Ils s’animent et se répondent au rythme d’une création sonore qui nous guide dans les méandres d’un nouvel écosystème, ouvrant un dialogue entre l’homme, la nature et la machine. Sons et lumières s’éveillent en tandem. Au fur et à mesure de la traversée, la perception sonore s’intensifie. La lumière est douce et indirecte. La musique, créée par les compositeurs Thomas Vaquié & Alexandre Bouvier, est enveloppante. Détour invite à se perdre dans des paysages sonores et visuels, au sein d’une forêt onirique régénératrice de perceptions nouvelles, abritant des mondes inédits. Jeu vidéo, réalité virtuelle ou augmentée, podcast, son spatialisé... La Gaîté Lyrique inaugure un nouvel espace consacré aux nouvelles écritures et expériences immersives cet automne et cela vaut justement… le détour !
Cette exposition questionne notre manière d’appréhender au mieux les changements qui agitent le monde qui nous entoure, l’approche à privilégier pour comprendre les évolutions technologiques et leur impact sur notre façon de nous raconter. Poursuivant ses explorations des cultures post-Internet, la Gaîté Lyrique inaugure un programme artistique dédié aux nouvelles écritures et expériences immersives. Dans une simili cathédrale plongée dans le noir, cette véritable hymne au futur, cette installation fait résonner l’homme, la nature et les machines, pour créer un nouvel écosystème en adéquation avec l’évolution de notre société. Ici, tous vos sens seront mis en émoi. Les musiques électriques répondent aux bruits de la pluie ou du vent. Les monolithes diffusent des lumières continues, des flashs ou des ondulations de toutes les couleurs. La salle passe ainsi d’une obscurité mystérieuse à une clarté aveuglante, mettant en avant une poétisation de l’espace qui ne laissera personne indifférent. En plus de la visite gratuite, ce lieu onirique accueille poésie magie dans cet écrin numérique. J’avais presque envie d’enlever mes chaussures avant de pénétrer dans l’écosystème électronique de Détour, car le dispositif a quelque chose du sanctuaire spirituel 2.0. Cette œuvre in situ accessible au public depuis le 17 septembre mobilise quatre membres voulant « transformer l’espace brut mis à disposition par l’institution en champ de contemplation régénérateur ». Leur pari est réussi ! Leurs « totems » géométriques diffusent une lumière à intensité variable dont les teintes explorent une large palette chromatique, du vert jade au jaune citron en passant par le cyan. La musique de Thomas Vaquié et Alexandre Bouvier mixe des pulsations électro et des bruitages naturels. On reconnaît le chant d’un oiseau, le ruissellement de l’eau ou le tintement d’un carillon bercé par le vent. Ce biotope futuriste fait disparaître la lisière entre la technologie et le monde organique.
Durant 30 minutes, ce spectacle provoque une synesthésie évolutive entre la vue et l'ouïe. Nos sens sont étourdis, le spectateur bascule dans la mystique. À une atmosphère paisible évoquant des panoramas immaculés succède brusquement un brasier stroboscopique auquel font écho des grondements électroniques, avant que l’accalmie n’arrive.« Ce jonglage entre plages de calme et pics de tension tisse une trame narrative qui vise à faire affleurer des brides de mémoire chez le public » explique le collectif. Les promenades champêtres d’antan, le sable brûlant des étés adolescents… En l’absence de toute forme figurative dans l’installation, chaque souvenir est convoqué à partir de « paysages sonores et visuels » abstraits pour une expédition à mi-chemin entre la transe et la pleine conscience vers l’intangible des imaginaires. La pièce n’avait pas pu être dévoilée en novembre dernier à cause de la pandémie de Covid. À l’occasion de la Nuit Blanche 2021, le collectif a investi l’ensemble de l’institution en proposant un parcours agrémenté de deux nouvelles pièces. Ce projet demeure en adéquation avec l’une de leurs volonté principale : « Voir la musique et entendre la lumière », proférée par John Cage, un pionnier de l’expérimentation artistique, remise au goût du jour ici, en cette période où le monde de la culture sort de convalescence.
Le point positif et original à ne pas manquer : cette forêt à l’abstraction géométrique, régénératrice de perceptions nouvelles, forme une sculpture audiovisuelle immersive qui invite à la déambulation et à la contemplation du public.
Le petit plus :
On déambule dans le paysage sonore. Le duo Nova Materia porte une création originale pour la Gaîté Lyrique, avec une série de quatre performances binaurales sur les traces de la cité maya de Xpujil, dans la jungle mexicaine. Le collectif invite une fois par mois des musiciens et musiciennes, des danseurs et des danseuses, ainsi qu’un chœur pour venir augmenter leur sculpture audiovisuelle immersive. Chaque invitation est l’occasion d’offrir au visiteur une perspective renouvelée de l’œuvre où danse, chant et musique se jouent des lignes de perspectives de l’espace, et évoluent au rythme dissonant de la lumière, entre flux organiques et feux stroboscopiques. Cette exposition est accessible pour un type de public plutôt averti, elle ne convient pas trop aux enfants de moins de dix ans, car les visiteurs sont assis sur des petits coussins étalés au sol, sans réelle frontière entre la performance des artistes et la zone réservée au public. L'expérience se fait de manière statique, le visiteur doit rester à l'écoute lors de la performance, mais l'exposition est aussi accessible en visite libre sans les comédiens, où le public a l'autorisation de déambuler entre les piliers lumineux et sonores afin d'être d'autant plus immergé dans cette atmosphère futuriste.
Performances dansées dans l’installation de Visual System par Brandon Miel (compagnie Mazelfreten) avec Ablaye Diop, Théa Haggia-Meier, Marie Levenez.
Tarif plein : 10€ ; Tarif réduit : 8€ ; Tarif adhésion avec la carte Club Gaîté Lyrique.