L'archéologie en bulle
Vous avez l'habitude de voir des œuvres d'art encadrées au Louvre, et bien attendez-vous à voir des œuvres d'art en case. Le Louvre accueille depuis le mois de septembre 2018 et jusqu'au 1er juillet 2019 des planches de bandes dessinées dans la magnifique exposition L'archéologie en bulle. Une occasion inédite de voir l'influence de l'archéologie dans le neuvième art.
Le Louvre, musée à la renommée internationale, présentant des œuvres de différentes périodes et de différentes techniques, s'intéresse à la bande dessinée. Il n'y a rien d'étonnant à ça, au contraire. La bande dessinée est un phénomène artistique qui prend de l’ampleur année après année. C'est donc en toute légitimité que la bande dessinée, qui plus est française ou de nos voisins belges, s'invite au Louvre. Une occasion rêvée de voir des planches originales de certains grands noms de la bande dessinée comme Jul, Enki Bilal, Lorenzo Mattotti, François Schuiten, Franck Miller pour ne citer qu'eux. De plus, ce musée n'est-il pas le lieu de certains scénarii de bandes dessinées ? Ne vous rappelez-vous pas Gaspard et la malédiction du Prince-Fantôme, la bande dessinée jeunesse d'Isabelle Dethan, ou Le fantôme du Louvre d'Enki Bilal ? Alors maintenant c'est au Louvre d'inviter la bande dessinée dans une exposition en cohésion entre art et archéologie, entre vision du dessinateur et vision de l'archéologue.
Cette exposition prend place dans la Petite Galerie, espace consacré à l'éducation artistique et culturelle. Quand vous franchirez l'entrée remarquable de cette Petite Galerie et que vous monterez les quelques marches, c'est dans un autre monde que vous allez entrer.
Avec une scénographie exceptionnelle, vous voici sur les champs de fouilles du XVIIIe siècle, là où les jeunes étudiants en art partaient à Rome pour créer des « bouquets » : composition où tous les plus beaux monuments sont entassés dans un décor imaginaire pour vous donner une vision de l'Italie rêvée en une seule œuvre. La découverte de Pompé et d'Herculanum sera un nouvel essor d’enthousiasme pour l’Antiquité. Les vestiges sont dessinés en plein air, les carnets de voyages se multiplient, remplis de croquis réalisés en quelques traits de crayon de bois ou en quelques coups de pinceau d'aquarelle. L'art n'a plus de limite et plus de frontière. Bientôt c'est l’Égypte qui attire les artistes. Le dessin devient alors plus scientifique : il est le témoin de fouilles, le relevé, qui finira en publication. Si ces carnets de croquis ne retiennent pas votre attention, vous serez certainement attirés par cette installation de Marcel Broodthaers : des caisses de fouilles posées juste là, à côté de vous, vous interrogeront sur l'empreinte du passé et sur celle du présent. L'archéologie c'est aussi une histoire de connaissances, comme vous le rappellera l’illustration de Schuiten, La Mundaneum, où le chercheur se retrouve au milieu de livre avec un équilibre précère, le savoir devient vertigineux... L'archéologue est-il un savant ou un aventurier ? Quand il apparaît comme sous les traits de Martin Mystère, on est confronté à cette figure d'explorateur, d'enquêteur, l'aspect du savant classique est reste rare.
Mais continuez donc votre déambulation, vous pourrez alors découvrir des trésors. Enfin non. Les trésors, ce ne sont que dans les aventures de l'Oncle Picsou. Ici, nous parlerons comme les archéologues de ''découvertes'', aussi belles soient-elles. Mais face au trésor de Tod ou à celui de Boscoraele, vous ne saurez plus où donner de la tête. C'est alors que l'on comprend pourquoi le thème de la découverte archéologique est aussi présent dans les planches : le héros descend sous terre et trouve l'objet de toutes ses espérances. D'ailleurs, c'est aussi sous l'eau que l'on peut fouiller, comme en témoignera l'Apollon de bronze, trouvé lors de fouilles sous-marien, se tenant face à vous dans toute sa majesté.
Mais allez voir la suite car c'est dans une magnifique salle, vous plongeant dans une tranchée de fouille, que vous arriverez. Celle-ci vous expliquera la stratigraphie du site de Suse, en Iran, fouillé de 1884 à 1968. Ici, plein de petits objets. Observez-les bien car vous pourriez bien les reconnaître dans certaines planches de bandes dessinées.
Maintenant que vous avez compris l'archéologie d'hier et d'aujourd'hui, vous pouvez alors entrer dans la dernière salle, le bouquet final de ce parcours archéologique, où vos yeux se régaleront tant par les objets archéologiques, comme les momie de chat, que par les bandes dessinée. Les différentes périodes de notre Histoire sont là : la préhistoire, avec Silex and the City, l’Égypte antique avec Période glaciaire, ou encore le Moyen Age avec Prince Valiant. Prenez donc le temps de regarder toutes ces planches pour comprendre les démarches des auteurs et dessinateurs de bandes dessinées. Et ne partez pas trop vite. Si votre soif de bande dessinée n'est pas assouvie, vous pouvez vous attarder à feuilleter les albums de bandes dessinées concernés par cette exposition qui sont à votre disposition.
C'est donc un beau voyage que vous propose la Petite Galerie, pour les petits et les grands, pour les passionnés de bande dessinée ou d'archéologie, ou juste pour les curieux de passage. Vous y trouverez votre compte à travers ce parcours ludique à la scénographie époustouflante, aux pièces archéologiques et œuvres d'arts exceptionnelles, et surtout pour les planches de bandes dessinées, sans doute les trésors de cette exposition.