Avec l’exposition 75 JUMP STREET la rue est à nous, la création artistique aussi !
L’art pictural est une affaire de professionnels et d’experts pensez-vous ? Et si on osait contredire ce grand principe en allant faire un tour à la pétillante exposition 75 JUMP STREET ? Cette exposition présente une réflexion sur les différentes appropriations des paysages urbains par des artistes confirmés, émergents et amateurs ! Alors allumez vos cellulaires, vos GSM, ou vos GPS et suivez l’itinéraire. Arrivés à la Gare de Saint-Denis dans le froid de novembre, réchauffez-vous en traversant la place enfumée des vendeurs de brochettes de viande et de marrons grillés. Traversez la passerelle, tournez à droite. C’est le moment de vous engouffrer dans le joyeux et créatif bâtiment du 6b, jeune lieu culturel alternatif situé le long de la Seine.
La création artistique pour une ré-appropriation des espaces urbains
Après les succès des quatorze premières expositions situées dans sept lieux différents à Paris (comme au 59 rue Rivoli ou dernièrement à l’Espace Beaurepaire) et en Île-deFrance, c’est au premier étage d’un bâtiment désaffecté, dont l’architecture rappelle tristement les constructions massives d’immeubles bon marché des années 60, que l’équipe de Street Poppies installe sa quinzième exposition 75 JUMP STREET ! Dans la vaste salle lumineuse, les regards sont captés par les tableaux colorés qui font redécouvrir Paris. Cette capitale de la nation qui est, pour certains, trop souvent fantasmée et observée à distance, sans évoquer un quelconque sentiment d'appartenance. C’est dans cette tension même que se joue la créativité de l’initiative 75 JUMP STREET. Elle vise, à travers la création artistique, la ré-appropriation du patrimoine et de l’espace urbain par les regards critiques et éclairés de la jeunesse qui les fréquente — ou non.
Une partie des oeuvres qui forment l’exposition sont des co-créations entre le photographe Marcel Jarron, les jeunes de la Fondation Apprentis d’Auteuil, et la plasticienne belge Roxane Stroobant, fondatrice du projet. L’exposition au 6b est alors l’occasion de découvrir les actions de Street Poppies qui visent, depuis bientôt cinq belles années, à favoriser la rencontre entre les artistes professionnels et les publics amateurs, en particulier les jeunes issus des milieux défavorisés. L’exposition permet aux visiteurs d’admirer l’aboutissement d’une série de visites de musées, d’excursions dans la ville de Paris aux côtés de photographes professionnels, et d’ateliers créatifs après lesquels les oeuvres réalisées par les jeunes sont finalisées par Roxane Stroobant. Ces créations à multiples approches autour du paysage urbain de Paris valorisent la diversité des points de vue, rendent hommage aux différentes identités culturelles de chaque quartier et invitent le spectateur à s’interroger sur son propre rapport à la ville. Les amateurs de Street Art y retrouveront la fraicheur et les revendications des oeuvres inspirées par la dynamique urbaine. Cette fois-ci, 75 JUMP STREET est réalisée avec les jeunes de la Fondation Apprentis d’Auteuil, Elle leur donne la possibilité de s’exprimer, d’affirmer leurs regards sur le monde et de se ré-approprier des espaces publics que la violence symbolique des codes sociaux leur obstruait. Cet acte artistique et engagé décloisonne les frontières entre les habitants du monde et l’univers artistique. Celui-ci devient un langage contemporain et commun dans lequel tout le monde peut se reconnaitre.
Des oeuvres comme miroirs du monde
Parrainées par le célèbre photographe de rue Stéphane Couturier, les oeuvres des jeunes sont accompagnées des clichés de six photographes professionnels émergents qui travaillent autour de l’esthétique urbaine. Entre tous ces regards, le spectateur a alors la chance d’admirer celui du photographe coup de coeur de la rédaction : Alanig Keltz. Ce parisien inspiré par la culture underground et punk, capture avec sensibilité la beauté de l’abandon et les ruines de nos sociétés contemporaines. Les photographies racontent ses déambulations dans des immeubles abandonnés où des appartements décrépis témoignent des traces des êtres qui les ont habités et des contextes sociaux qui s’y sont construits. Les oeuvres reflètent alors les délabrements et les friches qui se retrouvent sans difficultés au sein et autour du 6b, le lieu de l’exposition.
Les différentes perceptions de l’espace urbain ouvrent alors le regard du spectateur sur l’évolution de l’urbanisme. Le chemin du retour vers la gare de Saint-Denis prendra à coup sûr une autre dimension au sein de laquelle l’expérience du présent se fait plus vive et plus attentive aux détails de la ville traversée ou habitée. Remarquez, par exemple, ce reste de bâtiment jaune vif devant lequel vous êtes passés à l’aller. Ainsi les photographies des artistes émergents et les toiles des jeunes (réalisées à partir de différentes techniques de collage et de peinture) se prolongent dans les esprits des visiteurs une fois qu’ils s’ancrent à nouveau, et plus profondément que jamais, dans la réalité extérieure. Cette résonance entre les oeuvres et ce lieu culturel non conventionnel bousculera avec bonheur les codes des habitués des musées parisiens et accueillera avec évidence les publics à la recherche d’une nouvelle forme de sortie culturelle dans laquelle se reconnaitre.
75 JUMP STREET, une expérience fédératrice qui fait du bien
La durée de l’événement concentrée sur seulement une semaine, du 19 au 25 novembre 2018, permet la présence permanente des artistes et des jeunes de la Fondation Apprentis d’Auteuil participant au projet. Chaque créateur assure la médiation de ses oeuvres et va à la rencontre du visiteur. En plus de rencontrer des artistes et d’accéder plus facilement aux oeuvres d’art, ce dispositif original valorise l’autonomie et l’assurance des jeunes de la Fondation Apprentis d’Auteuil. Ainsi, plus qu’une exposition, 75 JUMP STREET est un réel moment de partage et de découverte. En venant au 6b, le visiteur déambule dans les 6000m2 dédiés à l’émergence artistique sans limite, aux résidences d’artistes danseurs, sculpteurs, peintres ou encore metteurs en scène et à la diffusion de l’art contemporain. Le visiteur y ressent le vent frais et dynamique (au propre comme au figuré, ce bâtiment en friche n’a pas de chauffage !) de la jeune création qui impose enfin son regard sur le monde.
Belles rencontres artistiques et engagées !
Rendez-vous à l’exposition 75 JUMP STREET du 19 au 25 novembre 2018 au 6b (6 quai de Seine à Saint-Denis) pour découvrir et rencontrer l’ensemble des artistes.