Etiquette "féminisme"

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » : voilà ce qu’on peut lire sur le fronton du porche d’entrée du Panthéon. Si la patrie est bien sûr reconnaissante, n’est-ce vraiment qu’aux grands hommes ? Depuis 1907, date où la première femme entre dans la crypte du Panthéon, six y reposent désormais, dont cinq sont panthéonisées. Une petite présentation s’impose.

Lily a 23 ans et va réaliser son rêve : ouvrir une boutique de fleurs à Boston. Elle rencontre alors Ryle, trentenaire, neurochirurgien, charmant et mystérieux. Entre eux, l’attirance est immédiate.

« On peut faire des angles que le cinéma ne pourrait pas réaliser, on peut traverser un mur si besoin » proclame Zanzim dans une interview au sujet de sa bande dessinée Peau d’homme. Effectivement, ce sont de nombreux murs qu’il fracasse avec son acolyte Hubert, scénariste décédé quelques mois avant la parution de l’album. Parue le 3 juin 2020 chez Glénat, cette histoire folle, fantastique mais tellement actuelle donne envie et plaît dès la première de couverture, façade d’enluminure pour un conte rocambolesque, drôle et pertinent sur l’amour et la transgression du genre.

 

Ci-dessus : Première de couverture de Peau d’homme

 

L'histoire du roman Les quatres filles du docteur March est pour moi très particulière. Longtemps j'ai pris plaisir à regarder les différentes adaptations cinématographiques de ce livre au moment de noël lorsqu'elles étaient diffusées à la télévision. Pour mes deux grandes soeurs et moi, c'était devenu un rituel, car, d'une certaine façon, suivre les aventures de ces quatre soeurs nous permettait de nous projetter en elles, de nous reconnaitre individuellement dans chacun des personnages mais aussi dans ce lien unique qu'est la sororité. Plus tard, un peu par hasard, j'ai entrepris de lire le roman, que j'ai dévoré. C'est Simone de Beauvoir, une grande figure féministe que l'on ne peut qu'admirer qui, dans Ses mémoires d'une jeune fille bien rangée, revient sur sa lecture de l'oeuvre : elle affirme s'être retrouvée dans le personnage de Jo, l'intellectuelle mais aussi et surtout la "feministe" ou pour ne pas faire d'anachronisme le garçon manqué qui tente de s'émanciper par son art. Et c'est à travers ce prisme féministe que j'ai lu le roman pour la première fois. Tout ceci explique pourquoi j'étais très enthousiate en apprenant l'année dernière que ce classique allait être adapté à nouveau. Qui plus est par une femme. 

Pénélope Bagieu se définit comme une lectrice et autrice de romans graphiques, mais déclare qu’elle ne serait pas surprise si on lui disait: “Tu fais des BD". Pour elle c’est quand même un art populaire, la bande dessinée, qui est fait pour tout le monde. C'est la façon la plus simple de raconter une histoire. Son travail consiste aussi à discuter de la place faite aux femmes dans la bande dessinée : celles qui dessinent, celles qui sont dessinées. Pénélope Bagieu défend la nécessité de personnages féminins riches et complexes. Elle va au-delà des stéréotypes de femme-objet, de faire-valoir, de princesse qui attend d’être sauvée, et affirme la nécessité de “donner naissance à de nouveaux modèles”. Lorsqu’on l’interroge sur l’aspect très féministe et engagé de son oeuvre, elle parle de "sacerdoce". Dans ses Culottées, Pénélope Bagieu dresse notamment le portrait de Leymah Gbowee, la militante libérienne pour la paix et prix Nobel de la paix en 2011, dont elle partage la philosophie: “il est temps que les femmes arrêtent d'être poliment fâchées”. Pour Pénélope Bagieu, le militantisme passe avant tout par la création, même si elle rend aussi hommage aux activistes. Elle a déclaré à France culture en septembre 2019 que “le combat des Culottées n’est absolument pas terminé".
 

 

VIOLENCES SEXISTES ET CINÉMA
Table ronde en présence de Lucía Gajá (réalisatrice), Dolores Heredia (actrice) et Yalitza Aparicio (actrice) (Modératrice: Véronique Pugibet)
 

Dans le cadre du festival “Viva México”, une table ronde sur le lien entre violence sexiste et cinéma a eu lieu le lundi 7 octobre 2019 en Sorbonne. Les invitées étaient trois professionnelles mexicaines de l’audiovisuel: Lucía Gajá (Batallas íntimas, 2016), enseignante et réalisatrice de documentaire engagée (Batallas íntimas, 2016), nominée trois fois au Prix Ariel qu’elle gagne en 2015. Elle a choisi de se centrer sur la réalisation de documentaires engagés pour donner de la visibilité à des personnes vulnérables; Yalitza Aparicio (Roma, A. Cuarón, 2018), actrice et activiste, qui a été la première femme indigène nominée aux Oscars pour son rôle dans Roma d’Alfonso Cuarón. En 2019, elle a été désignée comme ambassadrice de l’UNESCO pour sa lutte en faveur de l’intégration et des droits des peuples indigènes et des femmes dans le monde; et Dolores Heredia, actrice qui a justement représenté des rôles traditionnels (Chicuarotes, G. Garcia Bernal, 2019), et qui a tourné dans plus de 40 films et dans des séries télévisées.

Le débat est lancé: le cinéma peut-il changer la représentation des femmes? Et peut-il être utilisé pour donner de la visibilité et réduire les violences sexistes? Est-ce que le cinéma peut devenir un outil pour dénoncer la violence de genre?

J’étais à une soirée, entre filles comme on dit, lorsqu’un sujet récurent arrive sur la table : « Et toi, tu regardes quelle série en ce moment ? ». C’est là que j’ai entendu parler pour la première fois de « The Bold Type », en français « De Celles qui osent ». A cette instant, la discussion s’est enflammée et on m’a ABSOLUMENT conseillé de regarder cette série féministe, coole, drôle, décontractée, « qui donne le sourire » …en somme, qui fait du bien. Quelques jours plus tard, je propose à mon mari de commencer cette série avec moi : après tout, les séries « de filles » je n’y crois pas, comme je ne crois pas qu’il y ait des séries réservées qu’aux hommes. Sauf que voilà, nous regardons la bande-annonce : C’est l’histoire de trois meilleures amies, la vingtaine, qui travaillent pour le magazine défendant la liberté des femmes : Scarlet. Trois jeunes filles ordinaires qui veulent réussir, professionnellement et personnellement, dans une société où l’oppression masculine reste dominante.

Résultat : j’ai fini par regarder la série, seule, de mon côté, tandis que Monsieur regarda une série animée japonaise. Après avoir regardé plusieurs épisodes, j’ai eu envie de me renseigner sur cette série, ses objectifs, ses propos, son public pour mieux comprendre un phénomène que j’ai souvent rencontré : quand une série parle de femmes, on la classe souvent de « série de filles ». Et ça me dérange.

 

La musique se regarde et le rap s'impose plus que tout sur la toile. Le clip est un art à part entière et son musée est une plate-forme en Y. Quid des femmes, de ces reines du hip-hop et de leurs images ? Attardons-nous à reconnaître leurs places, leurs forces et leurs images maîtrisée dans la vidéo. Le regard féminin dans les clips de rap n'est pas nouveau, mais il permet aujourd'hui de faire passer des messages engagés qui soulèvent les fans, leur donnent de la force, du courage et les motivent dans l'empowerment féminin. Squad de meufs, voitures de sport, sexualités assumées, esthétique hip-hop et revendications politiques, voici un panel de clips de rappeuses qui savent gérer leurs images badass.

Souvenez vous de cette exposition, car c'était une réussite, un bouquet de talents, une idée orgasmique ! Non, l'exposition « Des Sexes et des Femmes », qui a eu lieu du 2 au 14 octobre derniers au 59 rue Rivoli ne nous laissera pas sans voix, invisible (encore) et insensible... aux mille et une représentations de nos corps, de nos sexes, de nos vulves, vagins, clitoris, poitrines et poils. On a tout vu, et ça fait du bien ! Pour le (re)vivre à nouveau, laissez-vous guider par ces quelques lignes et quelques images gorgées d'esthétique, de philosophie et de politique !